Ça faisait longtemps qu’on voulait retourner en Croatie à vélo , mais cette fois-ci découvrire la côte et les îles. Bérangère est donc parti en avril tester ce petit bout de paradis à vélo.
On ne croit pas si bien dire quand on affirme à nos clients que voyager, c’est aussi composer avec l’imprévisible. Mon avion prévu à 15h30 avec une escale à Vienne est annulé avec la sibylline explication « no crew ». Je suis réaffectée sur le prochain vol direct vers Zagreb à 18h30. S’en suivent donc 5h d’attente… A mon arrivée à Zagreb, Krunoslav m’attend avec une pancarte et m’annonce que je ne ressemble pas du tout aux photos sur le net, je me demande si c’est mon absence de brushing ou le fait qu’on a vieilli de 5 ans depuis que les photos ont été prises. Je suis rassurée quand il m’explique qu’en fait, il croyait que j’étais Eugénie, pour changer. Il est 22h, Krunoslav m’annonce qu’on en a pour 4h de route jusqu’à Split. Cela nous donne amplement le temps de discuter. Nous arrivons à Split à 1h45, tous les deux épuisés. Réveil le lendemain à 7h30 pour attraper le ferry vers l’île de Brac.
Nous commençons la journée par un solide petit-déjeuner avant de décoller à 8h pour prendre le ferry pour l’île de Brac. Krunoslav met les vélos sur le toit de sa voiture, et nous traversons Split. En dehors de la vieille ville, l’urbanisme de Split a beaucoup hérité de la période communiste. Split a accueilli beaucoup d’ouvriers pendant la période communiste, qui travaillaient sur les chantiers navals. A la chute de la Yougoslavie, ils ont eu le droit d’acheter leurs appartements. Beaucoup de Croates ont fait des prêts indexés sur le Franc Suisse, et se retrouvent aujourd’hui complètement asphyxiés par la hausse du cours du FS.
L’itinéraire d’aujourd’hui est une boucle de 40km sur l’île de Brac, juste en face de Split. Nous embarquons pour 50 min de traversée. Le ciel est très couvert, et je suis contente d’avoir pris mon coupe-vent car l’air est très frais sur le pont du bateau. Je suis surprise de voir autant de cyclos dans les ferrys, apparemment la Croatie à vélo a le vent en poupe. On voit autant de gens qui sont en tours organisés, que de cyclistes en autonomie qui ont tous leurs bagages et sont souvent en solitaire.
Le ferry débarque à Supertar, un mignon petit port où nous nous arrêtons pour acheter de l’eau et de quoi grignoter sur le chemin. Ca sent une bonne odeur de pins, et la route nous offre de très beaux points de vue sur la mer, sur les champs d’oliviers bordés de murs de pierres. Les vélos, des Treks tous neufs, sont super légers et avancent tous seuls. Dès que possible, nous prenons les petites routes secondaires pour aller voir un petit port ou une crique. A Sutivan, un autre mignon petit port de pêcheurs, on rencontre un groupe d’une vingtaine de cyclistes attablés à un café et Kruno me donne une banane en m’annonçant que ça va commencer à monter. La côte est en effet assez raide 12% et pas courte, mais n’ayant aucun bagage sur le vélo, la montée me semble incroyablement facile, je monte en continuant à discuter avec Krunoslav. Le pompon pour un Croate, une mini pluie se met à tomber, qui ne serait même pas considérée comme telle en Bretagne. Nous poursuivons la balade, un temps le long de la côte, puis à travers l’intérieur des terres où nous traversons de vieux villages perchés, qui était habités autrefois car les habitants se protégeaient des pirates très nombreux sur la mer Adriatique. Les ports n’existaient pas autrefois car beaucoup trop faciles à aborder. Nous traversons l’île dans toute sa largeur, et entrevoyons au passage le mode de vie ancestral des habitants, un homme qui va faire boire ses chevaux à la source comme il y a 200 ans. Ça monte pendant 6kms en pente douce. Nous passons devant une carrière, l’île de Brac est en effet réputée pour sa pierre très blanche, avec laquelle selon la légende, on aurait construit la Maison Blanche.
Au prochain village, nous nous arrêtons pour aller repérer une petite visite que Kruno voudrait proposer à ses groupes guidés, il s’agit d’un atelier d’artiste, où on peut voir comment ils réalisent leurs sculptures et acheter leurs réalisations. La fille est très sympa mais il faut un interprète. Le vigneron local n’est pas encore revenu pour la saison, ce qui fruste beaucoup Kruno qui ne peut pas me faire goûter sa « domestic food », apparemment le verre de vin est accompagnée de quelques olives et de fromage local. Nous traversons plusieurs villages. Quand je fais remarquer à Kruno que les églises sont très belles, il me répond en rigolant qu’un de ses touristes américains a inventé un acronyme en réponse à tous ces commentaires sur les églises. A chaque église, il s’exclamait ABC, « Again Bloody Church » !
Lorsque nous atteignons la mer de l’autre côté de l’île, un rayon de soleil pointe le bout de son nez. Nous nous arrêtons pour profiter d’une bonne bière au bord de l’eau à Splitska, avant de boucler la boucle sur une chouette route le long de la mer. Il nous aura fallu 3h30 de vélo pour faire la boucle. Nous prenons le ferry pour rentrer. Avant d’aller à l’hôtel, nous nous arrêtons déguster sur une plage un plateau de fruits de mer assaisonnés à l’huile d’olive et à l’ail, avec un bon verre de vin blanc. Nous ressortons le soir pour le dîner dans la vieille ville de Split. Nous sommes alors rejoints par Siepan, un guide qui va l’aider pendant la saison. Le mec a été formé à l’américaine et m’assaille de questions avec un sourire bright, c’est un peu dur à ce moment-là ! Nous rentrons à l’hôtel rapidement et filons nous coucher, rdv 7h le lendemain.